Trois villages du Haut-Béarn ont obtenu le label “Villages d’avenir”. Tour d’horizon des projets qui pourraient recevoir un coup de pouce grâce à ce dispositif.
Conserver des commerces de proximité, créer des logements, améliorer les infrastructures… voilà les challenges auxquels vont être confrontées Arette, Accous et Bedous dans les mois à venir. Pour relever ces défis, ces trois communes du Haut-Béarn attendent beaucoup du label « Villages d’avenir » qu’elles viennent se voir décerner (lire zoom) fin décembre.
Grâce à ce programme, ces collectivités espèrent que leurs desseins se concrétiseront. Dans les faits, le soutien de l’État doit se manifester principalement sous forme d’aide à l’ingénierie avec la désignation d’un chef de projets commun au secteur. « Les procédures administratives et techniques deviennent tellement lourdes et compliquées pour constituer les dossiers que ce renfort sera le bienvenu », se réjouit Pierre Casabonne, maire d’Arette. « Dans nos petites communes, nous pouvons passer parfois à côté de dispositifs de financement qui d’ailleurs peuvent changer d’une année sur l’autre », abonde Henri Bellegarde, maire de Bedous.
Une réunion est programmée ce lundi 8 janvier à 16h au sein de la préfecture de Pau afin de présenter aux maires le contenu précis de ce plan d’aide. En attendant ce rendez-vous et la signature de la convention, les édiles de ces trois villages haut-béarnais ont ébauché les perspectives offertes par ce dispositif.
►Un multi-services et le Pyrénéa campus à Arette
À Arette, la préoccupation du moment a trait au maintien des commerces. Et pour cause, la boulangerie demeure fermée, le restaurant Gouaillardeu vient de tirer le rideau et l’épicerie Vival s’apprête à stopper son activité au printemps. Dans ce contexte, la municipalité planche sur l’installation d’un magasin multi-services dans un bâtiment communal jouxtant la boucherie du village de 1 071 habitants. « Les locaux conviennent en termes de surface et d’implantation. Mais des investissements seront nécessaires pour les adapter », prévient le maire.
Dès la semaine prochaine, un questionnaire sur les habitudes alimentaires sera adressé aux habitants en accompagnement du bulletin municipal afin de calibrer le projet. La chambre de commerce et d’industrie analysera les résultats avant que le projet ne fasse l’objet d’une réunion publique le 15 mars. L’enjeu est de taille puisque la commune est l’une des rares à connaître une croissance démographique (+48 entre 2015 et 2021, selon l’INSEE). « Si nous voulons continuer à accueillir de nouveaux arrivants, il nous faut offrir des services », convient l’édile.
L’autre sujet qui pourrait entrer dans le cadre de « Villages d’avenir », est bien sûr la requalification de l’ancien collège en centre d’hébergement touristique et d’activités sportives. Évalué à 6,5 millions d’€, le « Pyrénéa campus » n’a toujours pas bouclé son budget. « Lors de la dernière réunion le 20 décembre, les financeurs se sont engagés à le faire aboutir. Nous espérons que le label va nous procurer des bonus », confie Pierre Casabonne.
Pour l’heure, l’État, la Région et le Département ont manifesté leurs intentions. Reste à convaincre l’Union européenne. « On nous a demandé de redéposer un dossier sur un autre axe de financement », indique le maire qui compte bien terminer le tour de table « courant 2024 » et « même attaquer une partie de ce projet multifaces ».
►Reprise de la boucherie et aménagement du château à Bedous
À l’instar d’Arette, Bedous s’inquiète du déclin de l’offre en commerce de proximité avec notamment la retraite du boucher du village, Pierre Lespoune, qui n’a pas trouvé de successeur. En décembre, la municipalité a demandé à l’Établissement Public Foncier Local (EPFL) Béarn d’acquérir l’immeuble abritant la boucherie Lespoune située en cœur de bourg. « Nous sommes en discussion avec un potentiel repreneur qui pourrait s’installer. Maintenant, il va falloir rapidement monter un dossier important d’un point de vue financier. C’est pourquoi nous sommes très heureux de l’aide en ingénierie pour nous prêter main-forte », détaille le maire Henri Bellegarde.
Le chargé de mission sera également mis à contribution sur le devenir du château Lassalle. « Nous avons beaucoup d’idées mais rien n’est d’arrêté. Il faudrait voir comment améliorer l’offre de service à la population dans ce bâtiment », précise l’élu.
Bien d’autres sujets figurent dans les cartons du village de 583 habitants, comme l’amélioration de l’espace public et notamment l’entrée de la commune ou la réalisation d’une base de loisirs autour d’un espace de baignade et de résidences. Sans oublier le logement à l’heure où la commune peine à accueillir de nouvelles familles faute d’hébergements disponibles. « Tous ont leur pertinence, reste à trouver les moyens de les mettre en œuvre ».
►Réparation de l’église et logements à Accous
À Accous, 457 habitants, la liste des projets est toute aussi foisonnante. Certains ont d’ailleurs déjà été lancés comme la réhabilitation de la salle des fêtes qualifiée de « passoire thermique » (160 000€). Il y a aussi l’urgent chantier de rénovation de l’église pour lequel des appels d’offres ont été publiés. La première tranche de travaux est comprise entre « 650 000 et 700 000€ ». De même que les travaux de réaménagement du presbytère en logements et de la cantine de l’école doivent débuter ce mois de janvier.
« Même si nous avons obtenu des subventions, nous comptons sur le chargé de mission pour nous aider à frapper aux bonnes portes et obtenir de nouvelles sources de financement », déroule le maire Dany Barraud.
La municipalité veut aussi avancer dans le domaine du logement. Dans cette perspective, la commune a acheté l’an dernier, par le biais de l’EPFL Béarn, une grande maison en cœur de ville. L’aménagement de ce bâtiment et ses potentiels futurs locataires (saisonniers, apprentis, retraités, résidents à l’année…) font l’objet d’une réflexion.
100 chefs de projets recrutés par l’État Fin décembre, la ministre des collectivités territoriales, Dominique Faure, a dévoilé le nom des 2457 communes lauréates du label « Villages d’avenir ». Dans cette liste, 17 candidatures ont été retenues en Pyrénées-Atlantiques. Ce dispositif qui s’apparente au plan « Petites villes de demain », est destiné à aider les communes peu denses ou très peu denses et de moins de 3 500 habitants. Il a pour objectif « de soutenir davantage les communes rurales dans la conduite de leurs projets », explique l’État. Le programme d’ingénierie s’appuiera sur le recrutement de 100 chefs de projets, installés dans les préfectures et sous-préfectures des territoires les plus ruraux, avec la mission d’accompagner les maires de petits villages à passer de l’idée au projet. |