PAUL AMBILLE

Paul Ambille est un artiste-peintre français né le 23 décembre 1930 à Béziers dans l’Hérault et mort le 5 juillet 2010 à Arette, âgé de 80 ans. Peintre figuratif, il intègre les Beaux-Arts de Paris et fréquente les ateliers de Jean Dupas, Raymond Legueult et Edouard Goerg, où il a pour condisciple Jean-Pierre Alaux, Joseph Archepel, Jacques Berland, Jean Brand’honneur, Paul Collomb, Mickaël Compagnion, Emile Courtin, Geoffroy Dauvergne, Paul Guiramand, Jean Mamez, André Plisson. En 1955, il obtient le premier grand prix de Rome et part à la Villa Médicis à Rome pour quatre années. Il obtient la médaille d’or du salon de la Marine en 1992 et est nommé peintre de la Marine en 1993. En 1995, il est élu président de la fondation Taylor, poste qu’il occupera jusqu’en 2007. Comme le décrit Jean Saucet : « Sa peinture s’exprime sur un registre aux couleurs vibrantes, les objets que son art appréhende sont vus comme au travers d’un voile, on peut même dire qu’ils sont rêvés, tant ils sont fluides, frémissants, étant la quintessence de leur propre poétique… » Il conserva longtemps un domicile atelier au 2 rue de Général-Pershing à Clermont-de-l’Oise avant de se retirer à Arette.

JEAN-YVES ESQUERRE

Originaire d’Arette, Jean-Yves Esquerre est le fondateur et directeur de l’European School of Ballet. IL a d’abord étudié la danse avec Monique Malo en France et a reçu sa formation artistique à Mudra, l’école multidisciplinaire de Bruxelles. Tout au long de sa carrière, il a dansé avec Les Ballets du XXème Siècle de Maurice Béjart, le Hamburg Ballet de John Neumeier et le Nederlands Dans Theater de Jiri Kylian.

En 1986, J-Y Esquerre est nommé maître de ballet du Ballet du Louvre, formé à l’origine par Rudolf Noureev, et met en scène une production de Giselle. En 1987, SAR la Princesse Caroline de Monaco lui propose la direction artistique des Ballets de Monte Carlo. Au cours des années suivantes, il élargit considérablement le répertoire de la compagnie, ajoutant aux chefs-d’œuvre des Ballets russes diverses œuvres de George Balanchine, Pierre Lacotte, Anthony Tudor, John Neumeier, Jiri Kylian, William Forsythe, Roland Petit, Maurice Béjart.

À partir de 1993, J-Y Esquerre a développé un programme d’exercices de danse thérapeutique conçus pour la prévention des blessures et la réadaptation post-opératoire et a parcouru le monde pour enseigner les techniques de pleine conscience. Il a travaillé comme maître/professeur de ballet invité pour l’English National Ballet and School, le Boston Ballet and School, Le Cirque du Soleil, le Royal Winnipeg Ballet and School, le Banff Centre for the Arts, la Royal Ballet School de Londres, la Béjart Ballet Lausanne, le Ballet de l’Opéra de Paris, le Ballet National du Canada et La Scala de Milan. Il a également été juré/président de plusieurs concours internationaux de ballet tels que le Prix de Lausanne et le Grand Prix Youth America.

Entre 2007 et 2010, J-Y Esquerre a travaillé avec le San Francisco Ballet à plusieurs titres, y compris professeur de compagnie, entraîneur et membre du corps professoral de l’école. En 2008, il est nommé assistant du directeur artistique pour la saison du 75e anniversaire du San Francisco Ballet. Au cours de ces trois années, en tant que directeur du programme de stagiaires, il a développé un programme de formation des enseignants, dirigé des ateliers d’improvisation et de chorégraphie et offert des performances dans toute la Californie.

Depuis 2010, alors qu’il enseigne partout dans le monde, J-Y Esquerre s’est vu confier par le gouvernement du Canada l’évaluation de l’École Supérieure de Ballet du Québec, de l’École nationale de ballet du Canada et de la School of Alberta Ballet. Il a également mis en scène des œuvres pour le Béjart Ballet Lausanne, la Royal Ballet School et l’English National Ballet School.

Ancien directeur artistique (2014-2018) de la Dutch National Ballet Academy qui, sous son mandat, s’est considérablement développée, ouvrant ses portes aux étudiants internationaux et gagnant une reconnaissance mondiale. J-Y Esquerre a mis en place en 2015 son Dutch National Trainee Program, un cours unique en Europe, offrant une formation professionnelle intense d’un ou deux ans pour les danseurs souhaitant rejoindre les meilleures compagnies de ballet. Ce programme couronné de succès s’est élargi en 2018 pour donner naissance à l’École européenne de ballet.

JEAN-MARIE LONNE-PEYRET

La création de la station de La Pierre St Martin

Ancien professeur de mathématiques, Jean-Marie Lonne-Peyret était à la tête de la municipalité depuis 1953. Le personnage ne manque pas de couleur. Vieux montagnard, à la fois chasseur d’ours et intarissable quant à leur protection, il a aussi participé aux expéditions spéléos dans le gouffre de la Pierre-Saint-Martin, en compagnie de Haroun Tazieff.

C’est à partir d’une idée – incongrue pour l’époque – lancée par celui-ci que le scénario du film s’est mis en place. Elle est née en 1957 de la rencontre de deux randonneurs, du maire Lonné-Peyret et de quatre conseillers municipaux. L’idée fait son chemin et en 1958, le maire présente un projet à ses collègues du conseil général. Le refus est catégorique. Mais c’était mal connaître le Barétounais. Au fur et à mesure s’est constitué un noyau d’hommes : c’est la grande époque des pionniers.

D’abord trois téléskis (Massaré, Mahourat et Arlas) montés à dos de mules furent installés par les services municipaux avant que La Pierre-Saint-Martin ne devienne une régie municipale, puis soit reprise par le conseil général en 1964. Dans les années 1970, après les premiers chalets sont arrivés les hôtels ; la station était lancée.

Lancée il y a un quart de siècle, elle a vraiment décollé au milieu des années 70. Entre-temps la municipalité a dû céder la gestion des équipements au conseil général. Une situation dont le maire semble s’accommoder encore assez mal.

Malgré la prise en main des affaires par le département des Pyrénées-Atlantiques, la station reste sa chose. Il en parle avec la chaleur bourrue des Béarnais. Grande gueule et bon cœur. Comme ses ancêtres mousquetaires qui sont nés dans les villages voisins de Lanne et Aramits, Jean-Marie Lonne-Peyret mène un combat de longue haleine.  » Vingt ans après « , le petit centre de ski posé sur le lapiaz calcaire de la Pierre-Saint-Martin est en passe de devenir une station internationale.

La liaison avec la vallée de Belagua, de l’autre côté de la frontière, ouvrirait de fantastiques horizons à la station. Pour l’instant, Madrid, empêtré dans le problème basque, s’oppose à l’ouverture d’un axe franco-espagnol. Techniquement, la France aurait à sa charge le déneigement des 4 kilomètres de route espagnole menant au village d’Isaba. La voie serait ensuite grande ouverte aux habitants de Pampelune et de Bilbao.

En attendant, Arette conserve son allure de station familiale. L’adjectif n’a rien de péjoratif. Les pentes du Soum-Couy et du pic d’Arias, qui dépassent tous deux les 2 000 mètres, offrent aux bons skieurs des dénivelés propices à se faire de bonnes chaleurs.

La création de la station de La Pierre St Martin

Le tremblement de terre d’Arette de 1967 a été le plus important séisme que la France ait connu depuis le 11 juin 1909 à Lambesc, en Provence. 46 personnes avaient perdu la vie ce jour-là quand, à Arette, le séisme n’a fait qu’une vic-
time. Le tremblement du 13 août fut suivi le lendemain par au moins une cinquantaine de répliques.
L’épicentre du séisme, d’intensité 8 sur l’échelle MSK (qui compte douze degrés) et d’une magnitude de 5,1 sur l’échelle de Richter, se situe à deux kilo-
mètres à l’ouest d’Arette, vers Arguibelle. La station de Bagnères-de-Bigorre enregistrera 115 secousses entre le 13 août et le 22 octobre dans le secteur d’Arette, d’intensité décroissante.
La reconstruction du village prit environ dix ans. Elle a été évaluée à 176,6 millions de francs (environ 27 millions d’Euros). 103 M de l’État, 8,5 M du Département, 3,5 M des communes et 61,6 M des sinistrés et des dons.

L’énergie et la pugnacité du maire de l’époque, Mr Lonné Peyret, ne fut pas de trop pour traverser cette période difficile de l’histoire d’Arette.

MARCEL LOUBENS

Marcel Loubens fut très tôt passionné de spéléologie et dès l’âge de 13 ans, il voulut rencontrer Norbert Casteret. Ce souhait se réalisera en 1940, et Casteret l’encourage alors à prospecter le massif d’Arbas. Il pratique l’activité au sein d’un clan routier des Eclaireurs de France.

Il y découvre la même année un gouffre de première importance, la Henne Morte, qui sera un temps le plus profond de France. En 1943, au cours d’une exploration de la Henne Morte avec Casteret et Joseph Delteil, il est gravement blessé par la chute d’un bloc rocheux alors qu’il portait secours à un membre de l’équipe victime d’une chute. Il fallut 13 heures pour le remonter avec épaule et côtes fracturées.

Ces temps d’occupation nazie étaient peu propices à l’exploration scientifique, mais sa connaissance du massif servira la Résistance: il devient passeur de frontières entre la France et l’Espagne et s’engage dans le maquis des Pétroles de Saint-Marcet, puis après son démantèlement, dans le maquis « Bidon V ». Lorsqu’il servait d’agent de liaison, il se cachait chez Casteret ou chez la mère de Casteret à Saint-Gaudens2. À la libération, il est nommé sous-lieutenant et fait partie des témoins en faveur de Casteret accusé de collaboration à la suite d’une dénonciation calomnieuse.

En 1946-1947, il guide l’imposante équipe mobilisée pour l’exploration de la Henne Morte et qui en atteindra le siphon terminal à la profondeur record de −446 m.

Par la suite, il rejoint l’équipe du physicien Max Cosyns qui explore le plateau calcaire du massif de la Pierre-Saint-Martin. Il prospecte alors les Gorges de Kakouetta, résurgence du système hydrologique local, le gouffre Fertel, celui de l’Escuret… En 1951, en compagnie d’Haroun Tazieff, il dépasse les −500 m dans le gouffre de la Pierre-Saint-Martin que Georges Lépineux et Jacques Labeyrie avaient découvert l’année précédente.

Lors de l’expédition de 1952 dans le gouffre de la Pierre-Saint-Martin, par la faute d’un défaut de conception du treuil, il fait une chute aux pieds de Tazieff et décède sans avoir pu être ramené à la surface.

L’importante couverture médiatique de cet accident contribua encore un peu plus à la vulgarisation de la spéléologie et associa définitivement à Loubens l’image du martyr de cette discipline.

Marcel Loubens est cité à l’ordre de la nation en ces termes :

« Animé par une passion toute désintéressée pour la spéléologie, n’a cessé depuis sa jeunesse d’y consacrer ses plus belles qualités d’esprit de découverte et de courage. Après de nombreuses explorations de cavernes et de périlleuses descentes, a entrepris, avec de valeureux compagnons, en août 1952, l’exploration particulièrement dangereuse du gouffre de la Pierre Saint-Martin, et y a trouvé une mort glorieuse au service de la science. »

Marcel Loubens repose au cimetière de Mazères-sur-Salat.

Son nom a été donné à de nombreuses rues et voies, dont la rue principale d’Arette ainsi qu’à plusieurs bâtiments publics et bien sûr à d’innombrables salles de grottes. Un gouffre porte son nom en Italie

RENEE MASSIP

Renée Massip, née Renée Castaing le 31 mars 1907 à Arette dans les Pyrénées-Atlantiques et décédée à Paris le 21 mars 2002, était une écrivaine française, lauréate du Prix Interallié en 1963.
Née de parents directeurs d’école, Renée Massip quitte Arette, sa ville natale, pour Pau où elle intègre l’École Normale, prépare les certificats de licence d’Histoire et de Lettres et épouse le journaliste Roger Massip. De retour de Roumanie et de Pologne, où Roger Massip fut correspondant de 1931 à 1937, Renée Massip embrasse à son tour la carrière journalistique en entrant en 1939 au secrétariat de rédaction de l’agence Havas. Réfugiée à Lyon pendant la guerre, elle travaille pour France-Soir, puis collabore au Figaro littéraire. Membre du jury Femina de 1971 à 1996.
Auteur d’une dizaine de romans dont La Régente, La Vie absente et Douce lumière, Renée Massip obtient le prix Interallié pour La Bête quaternaire paru en 1963 et le grand Prix du roman catholique pour le Rire de Sara (1966).

YVES MOUROUSI

Yves Mourousi est un journaliste français né à Suresnes le 20 juillet 1942 et mort à Paris le 7 avril 1998 à Paris. Sa carrière commence en 1966 en tant que journaliste à l’ORTF.

En 1966, Yves MOUROUSI effectue un stage d’été comme journaliste à la Maison de la radio en juin 1967. Alors qu’il se trouve en vacances dans la région, il réalise son premier reportage radio lors du séisme à Arette en imposant à l’ORTF l’événement en direct pendant quatre jours.

Mais c’est surtout en tant que présentateur du journal télévisé qu’il devient connu du grand public. De 1975 à 1988, Yves Mourousi présente tour à tour IT1 13 Heures, TF1 Actualités 13 Heures et le JT de 13 heures de TF1. De par son approche moderne du journalisme, Yves Mourousi contribue à changer le style et à innover la présentation des informations à la télévision. Le 22 février 1988, Jean-Pierre Pernaut lui succède au JT de 13 heures.

Côté vie privée, en septembre 1985, le journaliste épouse Véronique Audemard d’Alançon, de 19 ans sa cadette. Très médiatisé, ce mariage est notamment parodié par Coluche et Thierry Le Luron. Le couple donne naissance à une fille en 1986, Sophie. Véronique Mourousi meurt d’une méningite en 1992, à seulement 31 ans. Yves Mourousi meurt six ans plus tard, victime d’un malaise cardiaque. Ils reposent tous les deux au cimetière du Montparnasse à Paris. 

NELSON PAILLOU

Nelson Paillou (1924-1997) est un grand dirigeant sportif qui vivait dans notre département, à Arette.

Né à Bordeaux le 6 janvier 1924 et orphelin à 7 ans, Nelson Paillou est élevé au Pays Basque. Après des études classiques, il enseigne les lettres au lycée Gustave Eiffel à Bordeaux à 18 ans, et est ensuite chargé de mission auprès de l’Éducation Nationale de 1962 à 1982.

Son engagement pour le sport se montre très tôt : étudiant, il fonde la section sportive de handball du Bordeaux Étudiant Club. Il est à la fois joueur et arbitre international, et devient président de la Fédération Française de handball de 1964 à 1982.

Accomplissement d’une vie de sportif, il est le chef de mission adjoint de la délégation française aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, et chef de la délégation à Montréal en 1976.

En 1982, il devient président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF). Il restera à sa tête 11 ans. En 1983, c’est grâce à son intervention personnelle que le CNOSF accueille les fédérations délégataires du handicap ; la Fédération française Handisport et la la Fédération française du sport adapté.

Dans chacune de ses expériences s’expriment les valeurs qu’il défend et revendique :

  • le fair-play, avec la création de Prix Annuels,
  • l’humanisme nécessaire,
  • la protection et la valorisation de l’humain,
  • la reconnaissance du rôle et du travail des bénévoles et dirigeants associatifs,
  • le rôle pédagogique du sport,
  • l’indépendance financière du sport, avec la création du Loto sportif.

« Citoyen du monde, citoyen d’Arette »

Engagé au sein du mouvement sportif, il l’est également au sein de la Fédération des Œuvres éducatives et de vacances de l’Éducation nationale (AROEVEN). C’est en recherchant un lieu pour établir une maison de vacances de l’AROEVEN, qu’il découvre le village d’Arette et en fait sa résidence de cœur.

Nelson Paillou décède le 17 novembre 1997 au volant de sa voiture sur une route de son Béarn d’adoption, près de Pau. Il repose au cimetière d’Arette.

ÉRIC PIOLLE

Eric Piolle est un ingénieur et homme politique français né le 6 janvier 1973 à Pau.
Diplômé de l’École nationale supérieure de génie industriel de Grenoble, il exerce différentes activités professionnelles, comme la co-fondation de l’entreprise Raise Partners en 2001.
Il débute sa carrière politique en se présentant aux élections législatives de 1997, puis en 2002 comme suppléant, respectivement dans la huitième et neuvième circonscription de l’Isère.
Ayant rejoint le parti Europe Écologie Les Verts à la fin des années 2000, il est élu conseiller régional lors des élections de 2010 en Rhône-Alpes.
Il est élu maire de Grenoble à l’occasion des élections municipales de 2014, battant ainsi au second tour la liste menée par le socialiste Jérôme Safar.
Il est réélu maire en 2020.
Le 29 juin 2021, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2022, en participant à la primaire présidentielle française de l’écologie. Sa mère vit à Arette dans la maison familiale.

JEAN-MARIE ROUART

Pour l’Académicien Jean-Marie Rouart, Arette et le Barétounais auront toujours le goût suave des vacances et de la liberté. Sur la place de l’église d’Arette, l’imposante maison béarnaise, construite sous l’Empire par l’éditeur Louis Rouart, est restée jusqu’en 2020 dans le giron familial. 

C’est là qu’enfant et adolescent, l’éminent penseur s’est forgé une armure physique et mentale suffisamment solide pour braver les futurs combats de la vie. Là qu’il glana deux ou trois choses essentielles pour donner un sens à ses entreprises et engagements comme la pédagogie de la liberté et la puissance des racines.

Les siennes remontent au XVIIe siècle et l’attachent au Béarn par le biais des Castéran qui s’illustrèrent au service du droit et des Rouart venus s’établir dans le Haut-Béarn, attirés par les dithyrambes communicatifs du poète Francis Jammes vantant les charmes de la région. En tout cas, ces attraits n’échapperont pas à l’artiste-peintre Henri Rouart, arrière-grand-père de Jean-Marie, qui trouva son inspiration dans la contemplation de la vallée de Barétous.

Les étés entre cousins

Quoique natif de Neuilly-sur-Seine, le jeune Jean-Marie brûlait d’impatience à l’approche des vacances qui le ramenaient dans le sud-ouest, auprès de ses cousins, l’esprit tendu vers d’inestimables horizons d’émancipation.

Le voyage en soi représentait déjà tout une expédition en voiture, en compagnie de la tante, Julie Manet, fille du peintre impressionniste Berthe Morisot. En traversant Oloron, la parente ne manquait pas de montrer à ses passagers la maison au pont-levis immortalisée par Edouard Manet vers 1870.

Arrivé à destination, le petit Parisien exultait à l’idée des excursions et attractions à venir, ensoleillant un quotidien d’insouciance que ni la maturité ni la notoriété ne cherchèrent à éclipser. Ascension du Pic d’Anie, de Séguite ou du Trône du Roi, exploration des gorges de Kakouetta, folles parties de pêche à la truite, baignades dans le gave, randonnées en famille : ces traces mémorielles parsèment « Adieu à la France qui s’en va » (Grasset 2003), un concentré d’itinéraire intellectuel, patriotique et émotionnel de Jean-Marie Rouart et aussi « Une jeunesse à l’ombre de la lumière ». Il y évoque le commandant Forget, un cousin engagé dans la Légion étrangère qui, en novembre 1942, franchit clandestinement la frontière espagnole, avec la tacite complicité du village d’Arette dont l’héroïque mutisme protégea maints Résistants et réfugiés.

Béarnais d’honneur

Le père de Jean-Marie Rouart vécut en Barétous jusqu’à sa mort survenue en 1997 à Arette où il repose. De loin en loin, le fils revient au pays de ses aïeux qui l’a intronisé dans la docte Académie des Lettres pyrénéennes et gratifié d’une superbe Médaille d’Or décernée par la Ville d’Oloron.

En 2004, Jean-Marie Rouart vint enquêter sur l’ours des Pyrénées qu’il considère un peu comme l’emblème de la famille.

« Mon père avait réalisé une BD sur lui. Quand j’étais à Noirmoutiers, il me dessinait en petit ours car je vivais séparé de mon père comme l’ourson de sa mère » s’épanche-t-il lors de l’interview qu’il nous avait accordée en 2006.

Malgré l’éblouissant parcours intellectuel et social, Jean-Marie Rouart a toujours su garder au tréfonds de son être quelques pépites béarnaises : les « Contrerimes » de Paul-Jean Toulet, la succulence du gâteau « russe » d’Artigarrède et la majestuosité des montagnes si souvent parcourues.

Un amour forcené de la littérature ancré dans la réalité du monde

Elu le 18 décembre 1997 à l’Académie française au fauteuil de l’historien Georges Duby, Jean-Marie Rouart, chevalier de la Légion d’Honneur et commandeur des Arts et des Lettres, Ecrivain, essayiste, chroniqueur et journaliste, il a publié de nombreux livres dont « La fuite en Pologne » (1974), « Les feux du pouvoir » (Prix Interallié 1977), « Avant-guerre » (Prix Renaudot 1983), « L’invention de l’amour » (1997), « Ils ont choisi la nuit » (Prix de l’essai de l’Académie française 1985), « La noblesse des vaincus » (1998), « Adieu à la France qui s’en va » (2003), « Le scandale » (2006) et « Devoir d’insolence » (2009). Il a obtenu le Prix du Prince Pierre de Monaco pour l’ensemble de son oeuvre.

Il a collaboré au Magazine littéraire, au Quotidien de Paris et dirigé le Figaro littéraire de 1986 à 2003 avant de rejoindre la rédaction de Paris-Match. Il milita intensément en faveur de la révision du procès d’Omar Raddad, au centre d’un livre intitulé « Omar, la construction d’un coupable » (1994).

L’Homme de lettres

Dans « Adieu à la France qui s’en va » (Grasset 2003), Jean-Marie Rouart évoque ses souvenirs d’enfance et d’adolescence à Arette.

Souvenirs du tremblement de terre

« Un tremblement de terre secoua le Sud-Ouest de la France. La vallée de Barétous fut particulièrement touchée. Om me demanda d’écrire quelques lignes sur le village le plus durement secoué par le séisme. Il s’agissait d’Arette, dont j’ai parlé, où ma famille maternelle possédait cette vieille maison et ses tombes dans un petit cimetière sous le regard maternel des montagnes. C’est ainsi que j’écrivis mon premier article. J’y parlais des ours, bien entendu, des moutons, des bergers, de l’odeur du suint. Ce bourg durement estropié m’inspirait une grande pitié. La maison familiale était sens dessus dessous, les énormes murs fissurés, les cheminées effondrées. Mais le pire restait à venir ; les véritables ravages furent commis par des aides imbéciles à la reconstruction. On incita les habitants à raser leur vieille bâtisse, abîmée certes mais pleine des charmes du passé, pour élever de nouvelles constructions, qui tuèrent à jamais l’âme du village ».

HAROUN TAZIEFF

Personnage médiatique, le volcanologue Haroun Tazieff (1914-1998), grand promoteur de sa discipline, a mené des expéditions scientifiques sur la plupart des volcans actifs de la planète, faisant partager sa passion au travers de films, d’émissions télévisées et d’ouvrages.  

Haroun Tazieff est né le 11 mai 1914 à Varsovie, d’une mère polonaise, chimiste et docteur en sciences politiques, et d’un père russe, médecin, qui meurt au cours de la Première Guerre mondiale. La famille émigre en Belgique en 1921. Très sprortif, il pratiquera de nombreuses disciplines sportives dont la boxe, l’alpinisme, la spéléologie, le ski et le rugby. Tout en poursuivant ses études d’agronomie à Liège et une spécialité de géologie aux Mines, Haroun Tazieff participe activement à la résistance contre l’occupant nazi.

En 1948, une fissure sur le flanc sud-ouest du Nyamuragira (république démocratique du Congo) s’ouvre en vomissant deux coulées de lave très spectaculaires. À cette époque, Haroun Tazieff est prospecteur dans cette région pour le Service géologique centrafricain. Il se précipite pour suivre l’éruption. Les jours et les nuits qu’il passe à observer ce phénomène grandiose vont bouleverser sa vie. De prospecteur, il deviendra volcanologue. Après cette éruption, il publie son premier livre, Cratères en feu (1951).

Exploré par Eugène Fournier et Édouard-Alfred Martel dès la fin du XIXe siècle, le massif de la Pierre St Martin devient célèbre avec la découverte en 1950 par Georges Lépineux, du puits qui constituera le premier accès au célèbre gouffre.

En 1951, cette verticale de 320 mètres, la plus grande du monde à l’époque, est descendue par Georges Lépineux, Marcel Loubens et Haroun Tazieff, au cours d’une expédition menée par le physicien Max Cosyns.

En 1952, une expédition de grande ampleur à laquelle participe encore Haroun Tazieff tourne au drame : un serre-câble se dévisse, Marcel Loubens fait une chute de 15 mètres au cours de sa remontée et décède au fond du gouffre. Le corps est enterré sur place, et ne sera ramené à la surface que 2 ans plus tard. Ce drame au fond du gouffre le plus profond du monde est relayé par la presse mondiale et sera relaté par Tazieff dans son livre. (Wikipedia)

Avec le peintre Pierre Bichet, de 1955 à 1957, il parcourt le monde, de volcan en volcan et en tire, en 1959, un premier film, Les Rendez-Vous du diable, et un livre du même nom. Cette même année, Haroun Tazieff épouse France Depierre, une amie d’université.

Toujours en 1959, la première grande mission scientifique volcanologique organisée par Haroun Tazieff concerne le lac de lave actif du Nyiragongo (Congo) qu’il a découvert au cours d’une reconnaissance en 1953. Les années 1960 seront marquées par de nombreuses missions scientifiques sur deux volcans italiens, l’Etna et le Stromboli, où Haroun Tazieff, Giorgio Marinelli, Franco Tonani et Yvan Elskens mettent au point des méthodes d’étude géochimique des gaz volcaniques. Ces expériences seront suivies de nombreuses autres au cours des années 1970, avec des équipes du CEA et du CNRS, sur la plupart des volcans en activité.

Dès 1966, il monte un projet pour étudier la dépression Danakil en Afar septentrional (Est éthiopien), là où la plaque arabique se sépare de celle de l’Afrique. On est au début de la théorie de la tectonique des plaques. Les différentes expéditions dirigées par Haroun Tazieff et Giorgio Marinelli, qui se dérouleront de 1967 à 1973, vont apporter une contribution importante à la compréhension de l’ouverture des rifts et du magmatisme associé.

En 1971, Haroun Tazieff, qui vient de prendre la nationalité française, est nommé directeur de recherche au CNRS et accepte la direction des observatoires volcanologiques de l’Institut de physique du globe de Paris (IPG). En 1976, la Soufrière de la Guadeloupe se réveille. Le 30 août, Haroun Tazieff dirige une mission de reconnaissance sur le dôme de la Soufrière avec Claude Allègre, alors directeur de l’IPG, et Guy Aubert, directeur adjoint de l’Institut national d’astronomie et de géophysique. Au sommet, ils sont pris sous le bombardement d’une éruption phréatique. Tous s’en sortent, mais Haroun Tazieff, conscient de n’avoir pas pu prévoir cet événement, au demeurant imprévisible avec les moyens d’alors, passe un moment difficile. Caractère fort et entier, pouvant être aussi charmeur que détestable, il va désormais s’opposer à l’IPG de Paris et à son directeur au sujet de l’évacuation des villes de Saint-Claude et de Basse-Terre lors des éruptions phréatiques de la Soufrière. La polémique durera plus de vingt ans.

À partir de 1978, il organisera deux expéditions en Antarctique pour étudier le lac de lave de l’Erebus, un des volcans les plus fabuleux de la planète. Il est nommé en 1981 commissaire à l’étude et à la prévention des risques naturels majeurs – plus tard délégation aux risques majeurs – et, en 1984, secrétaire d’État chargé de la Prévention des risques naturels et technologiques majeurs. Bien que maire de sa commune (Mirmande, Drôme) et conseiller général de l’Isère, ce n’était pas un politique : ses déclarations fracassantes le montrent bien.

Haroun Tazieff était avant tout un explorateur et un écrivain, promoteur d’une discipline, la volcanologie, comme le furent Paul-Émile Victor pour l’étude de l’Arctique et du continent Antarctique et Jacques-Yves Cousteau pour l’océanographie.