La Pierre Saint-Martin : les graines de pin à crochets participeront à la reforestation d’une partie de Gourette

 L’initiative du Conseil départemental met l’accent sur l’importance de l’origine locale des semences et représente un engagement à très long terme, les plants récoltés nécessitant des décennies pour atteindre leur maturité.Ascencion Torrent

Ce n’était ni une sortie champignons, ni une chasse aux œufs. L’opération collective qui a été menée dans la forêt du Braca à la Pierre Saint-Martin visait à dénicher durant trois jours, des cônes de pin à crochets.

Armés de seaux, de filets, d’escabeaux… une dizaine de spécialistes de la biodiversité issue des effectifs du Conseil départemental, de l’ONF, du Parc National des Pyrénées et de la fédération des chasseurs du 64 est venue récupérer les graines de cet arbre emblématique des Pyrénées-Atlantiques. Une mission financée par le Département, afin de réaliser une opération de compensation environnementale à la suite des travaux d’aménagement sur le domaine skiable de Gourette.

Réunis lundi en commission permanente, les élus régionaux ont voté plusieurs subventions importantes pour le Béarn.

Opération plantation dans 2 ans

Il s’agissait de ne sélectionner que les meilleures pommes de pin, ces petits cônes qui contiennent des graines si petites, qu’elles pourraient passer pour de la poudre. Celles-ci seront ensuite confiées à la sécherie de l’ONF à la Joux, dans le Jura. Là-bas des spécialistes les trieront avant de réaliser des tests de faculté germinative. Avant dernière étape, un pépiniériste local devra produire des plants adaptés aux conditions d’altitude dans les Pyrénées.

« C’est un arbre fascinant, champion de l’altitude chez nous »

« À partir de ces petits arbres, nous visons le reboisement ciblé sur le site de Gourette. Mais il faudra attendre encore deux ans pour qu’ils soient replantés par les ouvriers forestiers, à environ 35 kilomètres du lieu de récolte. Cette proximité géographique permet de préserver l’intégrité génétique des populations locales et d’éviter tout brassage génétique entre vallées », se félicite Thierry Gatelier, chargé de mission biodiversité au Département, gestionnaire d’espaces naturels sensibles entre les vallées de Barétous et d’Ossau.

Cet anniversaire, pour la société qui gère les domaines de la plupart des stations de l’ouest de la chaîne de montagne, sera le fil rouge de la saison hivernale et toutes rivalisent d’idées pour fêter ça, comme il se doit.

Une espèce parapluie

« Une opération réalisée aussi en faveur de la préservation du Grand Tétras dans les Pyrénées-Atlantiques », précise Quentin Berenguer, garde forestier à Arette, futur coordinateur grande faune pour l’Office national des forêts dans le 64.

Cette espèce emblématique et patrimoniale présente à La Pierre, connaît une évolution très fragile. Et même si la chasse de ce coq de bruyère est interdite pour une durée de cinq ans depuis 2022, l’espèce vulnérable peine à se maintenir. Le volatile a besoin de beaucoup de tranquillité pour se nourrir des aiguilles du pin à crochets. « En la protégeant, en favorisant des zones d’hivernage pour créer des corridors les éloignant des pistes de ski et des sentiers de raquettes, on protège beaucoup d’autres espèces. C’est ce que l’on appelle une espèce parapluie ».

La récolte des cônes de pins à crochet à la Pierre-Saint-Martin permettra des opérations de reforestation à Gourette
 La récolte des cônes de pins à crochet à la Pierre-Saint-Martin permettra des opérations de reforestation à GouretteAscencion Torrent

« Cette année, des trouées ont également été réalisées dans les boisements au-dessus de Gourette afin de favoriser le développement du Grand tétras », précise aussi Lucie Vignau-Loustau, chargée des missions montagne au Conseil départemental. 300 arbres seront ainsi replantés via cette opération collective menée avec Dominique Bibal du réseau faune de montagne à la fédération de chasse et Franck Reisdorffer, également responsable de la faune au Parc National des Pyrénées.

Malgré le karst glissant et gelé de la Pierre, la dizaine de volontaires espéraient pouvoir récolter durant cette opération collective des milliers de graines, soit bien plus que nécessaire pour le seul site de Gourette.

De quoi pouvoir favoriser un reboisement plus vaste avec cette espèce complexe hyper résistante, capable de s’adapter à des conditions froides, venteuses, avec un véritable stress hydrique malgré le karst de la Pierre ou le schiste de Gourette. « C’est un arbre fascinant, champion de l’altitude chez nous. Nous essaierons aussi de congeler ces graines de manière à pouvoir réaliser des compléments dès que nécessaire », anticipe le responsable biodiversité du département.

L’approche est également expérimentale et pédagogique, cherchant à créer des zones d’hivernage stables pour l’espèce parapluie qu’est le Grand Tétras.
 L’approche est également expérimentale et pédagogique, cherchant à créer des zones d’hivernage stables pour l’espèce parapluie qu’est le Grand Tétras.Ascencion Torrent

34 millions d’euros investis à Gourette

L’hiver dernier, la station de ski ossaloise a inauguré l’installation de la nouvelle télécabine de Cotch. C’était l’un des plus important chantier du Plan montagne du Département. Au total, ce sont 34 millions d’euros qui ont été investis sur un plan de 5 ans, permettant également le démontage d’une quarantaine de pylônes, de deux bâtiments et de huit remontées mécaniques pour quatre réinstallées, afin de faire remonter le front de neige à 1 600 mètres. Les contraintes budgétaires auront mis en pause les autres projets, mais pas les entretiens annuels. « Désormais, le Conseil départemental va s’attacher à développer une offre estivale de qualité sur Gourette, notamment autour des pistes de VTT », indique Rose-Marie Esclarmonde, responsable de la mission Plan montagne.
Du côté de La Pierre, la station fait partie d’un projet bénéficiant du programme européen de coopération transfrontalière (Poctefa) pour le projet Larra-La Piedra-Dinaval 360, une initiative visant à étendre la saison touristique dans les vallées de Roncal et de Barétous, valorisant pastoralisme, biodviversité et patrimoine naturel dont celui de la grotte de la Verna.